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LES FUSILLÉS DE MALINES

Les soulevés se sont procuré de la poudre ; ils ont élargi les otages et paralysé la conscription, il leur reste à se pourvoir de finances.

Poussant du collier, du poitrail, de la croupe, des genoux, de tous les membres, se relayant sans cesse, la horde entière trimbale un canon qu’une de leurs bandes a fait rouler du haut des remparts, vers l’impasse des Récollets, non loin de la métropolitaine, au fond de laquelle est installée la recette des contributions. Édifiés pour servir de maison-mère aux Récollets, ces bâtiments gardent de leur ancienne affectation une porte massive condamnant l’entrée du cul-de-sac, une de ces portes abbatiales, à l’épreuve des béliers et des catapultes, qu’il s’agira d’enfoncer à coups de canon. Mais pointant la pièce devant l’obstacle et s’apprêtant à la charger, les canonniers novices constatent, à leur profonde mortification, qu’elle a été enclouée.

Il leur faut pénétrer pourtant, coûte que coûte, dans la trésorerie publique, car, ainsi que Marguerie le proclamait dimanche à Bonheyden, s’ils respectent la pro-