Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
LES FUSILLÉS DE MALINES

Un élément sur lequel ils ne pouvaient guère compter, et dont l’hostilité narquoise pesait depuis le matin sur leur vocation, contribua maintenant à les rassurer et endormit leurs dernières méfiances.

Voici que, pour compléter le mirage, la renfrognée et malaugurale population s’humanisait à leur égard. Non seulement Malines appartenait aux patriotes, mais les Malinois aussi leur étaient acquis.

Aux premières rumeurs concernant l’écrasement de Béguinot, les bourgeois, esprits forts, haussèrent les épaules. Le bruit prenant plus de consistance, les sceptiques devinrent perplexes et se demandèrent s’il convenait de bouder aussi ostensiblement les dominateurs possibles ? Au moins s’agissait-il de sortir pour s’assurer d’où soufflait le vent. Insensiblement, les citoyens se mêlèrent, en curieux, puis en hâbleurs, aux colloques des blousiers et des tâcherons tant conspués, prêtèrent l’oreille aux confabulations, enfourchèrent même ce puéril dada patriotique ! Jamais girouettes ne tournèrent avec tant de complaisance au souffle d’une bourrasque. La conversion