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LES FUSILLÉS DE MALINES

Heratens et Gilles Bull chargeaient et déchargeaient leurs fusils sans perdre une seconde, et leur adresse, suppléant leurs armes défectueuses, chaque balle portait coup. Derrière eux, se massait le gros de la troupe, moins bien armé encore, et, au centre, le jeune Tistiet déployait, en l’agitant, l’étendard rouge à croix d’or.

Le moment vint où les francs-tireurs flamands brûlèrent leur dernière cartouche. Ils ne fléchirent point pour cela, continuèrent à braver la fusillade. S’apercevant de leur détresse, les Français crurent déjà les tenir à merci, et, pour en finir, fondirent sur eux, baïonnette au canon. Mais combien ils connaissaient mal ces crânes joûteurs !

Tout beau, citoyens ! La partie n’est pas encore gagnée ! On vous invite simplement à un nouveau jeu.

Dam ! En cette passe critique, les conscrits réfractaires, trahis par leurs armes d’emprunt, se sont rappelé leur honnête métier, et, simultanément, de lâcher leurs méchantes carabines pour reprendre leurs fidèles outils !