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LES FUSILLÉS DE MALINES

du sort qui l’attendait pour se précipiter dans la gueule des loups.

Toute porte ouverte représentait une porte de salut. À la suite des fugitifs les chasseurs grimpaient les escaliers, jusqu’aux galetas, prenaient même le chemin des gouttières ou dégringolaient au fond des caves.

Les baïonnettes sondaient les matelas, jaugeaient les futailles, lardaient de piqûres, harpaient, ramenaient par le fond de la culotte et non sans endommager la chair, les malheureux blottis sous les lits. Vainement, engagés dans un corps à corps inégal, les simples essayaient de s’esquiver en dépouillant leurs nippes entre les mains des soudards. Les gendarmes confisquaient la défroque et traînaient leur capture à moitié nue jusqu’à l’écrou.

Latente et sournoise le matin, l’hostilité du milieu urbain éclatait à présent dans son entière hideur. Beaucoup de rustres s’attachaient aux pas des habitants, s’accrochaient à leurs basques et à leurs jupons, leur demandaient asile, mais ces Malinois qui venaient de trinquer avec eux, les