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LES FUSILLÉS DE MALINES

positions on se comprend à mots couverts, tacitement, et les silences sont plus éloquents que les discours.

Ces paysans, tous quatre dans la fleur de l’âge, l’aîné n’ayant que trente-trois ans, étaient Michel ou Chiel Van Rompaeye, surnommé, par une intelligente abréviation, den Romp ou le Torse, et qui, poitraillé, reinté comme un étalon, portait admirablement ce sobriquet ; Henri ou Rik Schalenberg, dit, avec non moins d’à propos, den Schalk, ce qui signifie l’espiègle ; un autre Henri Heratens, appelé den Witte, le Blanc, à cause de sa toison couleur filasse, enfin Guillaume Tuytgen, à qui sa tignasse noire, sa caboche tomenteuse comme la robe d’une taupe, valait ce nom de guerre, Willem de Mol ou Guillot la Taupe.

Quatre robustes garçons, quatre excellents garçons aussi ; les meilleurs sujets de la paroisse, compagnons éprouvés, honnêtes chrétiens de Campine, s’opiniâtrant dans leur rage et dans leur foi.

Le Torse était valet de meunier, l’Espiègle travaillait chez le maréchal-ferrant, le Blanc, simple ouvrier agricole, battait en