Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
LES FUSILLÉS DE MALINES

Les quatre paroissiens, juchés au sommet de la tour, cherchaient à reconnaître ces tendres et intimes modulations.

— Mais c’est dimanche aujourd’hui, garçons, et la cloche nous appelle à la messe !…

Et comme Heratens venait de retrouver la signification de ces tintements étouffés depuis près d’un lustre, voilà que, plus bas, sous leurs pieds, s’élevant du jubé, les lents accords de l’orgue se mêlèrent aux vibrations du bronze.

Nos jeunes gens se regardèrent, à la fois radieux et abasourdis, se détendirent à leur tour. À présent, de la dévotion se mêlait à leur colère et des larmes leur montaient aux yeux.


Oui, c’était bien dimanche, le dimanche religieux et patrial, leur dimanche à eux, et non plus le décadi républicain, plus abominable que le sabbat des juifs !

De toutes parts, des quatre coins du pays, par les chaussées impériales ou vicinales, par les routes, par les sentes et les traverses, les fidèles vêtus de leurs beaux