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LES FUSILLÉS DE MALINES

vous croiser contre les nouveaux déicides !

» Hourrah ! mes braves ligueurs ! Vivent les blouses, haro sur les carmagnoles ! Conscrits réfractaires au service de l’étranger et de l’impie, la cause de la Patrie et de la Religion trouvera en vous ses soldats les plus filiaux et les plus braves ! En avant donc pour Dieu et pour la Patrie. Voor God en voor het Vaderland ! »

Ici, les paysans, chauffés à outrance, littéralement saturés de fanatisme, enflammés par chacune de ces incendiaires paroles, refrénant depuis longtemps un inéluctable besoin de clamer, de bondir, de se soulager par des vociférations et des gestes, ne parvinrent plus à se posséder et, malgré la sainteté du lieu, une effroyable clameur éclata sous les voûtes du temple, un rugissement, un tonnerre prolongé que dominait cette devise adoptée spontanément pour cri de guerre : Voor God en voor het Vader land ! Ce fut durant plusieurs minutes un tollé, un hourvari, une trépidation indescriptibles. Non contents de hurler à tue