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LES FUSILLÉS DE MALINES

À trois heures, le courrier revint du camp de Duffel. En prévision d’une attaque imminente, Marguerie réclamait Willem la Taupe avec cent hommes de renfort. Aussitôt le capitaine fit battre et sonner l’assemblée. Les paysans, équipés et armés à la diable, s’alignèrent en bon ordre sur la place. Willem divisa le contingent en deux : confia la réserve à son sous-ordre Chiel le Torse et se rendit, en toute diligence, avec les autres, à l’appel de Marguerie. Chiel avait pour consigne de rester sous les armes prêt à donner avec ses hommes.

Cette nuit était aussi calme que celle de la veille avait été tumultueuse. Quelque temps ceux qui restaient entendirent s’éloigner et mourir les pas cadencés des partants. Puis un silence absolu plana sur la campagne. Plus même l’aboiement d’un chien ou le craquement d’une branche sous le poids d’un oiseau. Les hommes, immobiles dans les rangs, ne se parlaient pas. Ils rongeaient leur frein, aspiraient impatiemment à l’action, tendaient l’oreille pour surprendre la rumeur révélatrice d’une ba-