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LES FUSILLÉS DE MALINES

lettres de carton doré, la devise du labarum : In hoc signo vinces, et auquel son bâton armé du coutre servait de hampe.

Heratens, le joueur de fifre, venait ensuite, apparié à un apprenti maçon, battant la caisse. Quant au piston, qui avait tenu la troisième partie dans le trio instrumental accompagnant les loures et les bourrées de la veille, il appartenait au détachement de Willem la Taupe.

Les autres emboîtaient le pas, en colonne, quatre sur chaque rang. Une sarbacane se cognait contre une fourche. Des carquois de fer blanc peint en vert, heurtaient les fourreaux veufs de leurs sabres. Les terrassiers, couleur de glèbe et de feuille morte givrée, portaient des pioches et des maillets. Un gindre avait les bras nus, comme s’il allait triturer la pâte dans la maie. Le bissac et la gourde des manœuvres qui se rendent en journée leur battaient les fesses. Et à leur mine radieuse, presque débonnaire, guillerette, on les aurait pris pour une coterie de travailleurs matineux qui se hâtent de gagner le chantier au premier coup de cloche, et non pour des