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LES FUSILLÉS DE MALINES

çons l’emporteront bien ! » répétaient-ils avec une certitude prophétique. Un barrager refusa de les laisser passer avant qu’ils eussent mis deux tonneaux à sec.

Le guilleri des moineaux leur inspirait confiance dans l’issue de leur coup de main. Par contre, une compagnie de corbeaux s’étant avisés de voleter en croassant au-dessus de leur colonne, à coups de pierre Rik Schalenberg dispersa ces fâcheux augures.

L’air gris était tissé de minces filandres. Les nues opalines cardées par le vent d’ouest finirent par se résoudre en une pluie fine et insidieuse qui perçait leur défroque : mais leur enthousiasme était bien à l’épreuve de cette humidité.

Depuis longtemps, ils avaient beau se retourner, ceux de Bonheyden n’apercevaient plus l’humble tour natale. Le massif et trapu beffroi de Saint-Rombaut, carré comme un monolithe, leur montrait le but de plus en plus proche. À un quart d’heure de la ville, Chiel commanda : « Halte ! » pour leur permettre de se rajuster, de rectifier leur équipement, de porter d’une