Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/43

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C’est le temps où le cœur se cabre sous l’essaim
Des désirs effrénés de volupté lascive,
Où le bourgeois naïf s’habille de basin,
Où les paletots blancs passent à la lessive.
Où les collégiens s’endorment sur leurs bancs,
Où les myosotis et les pommes de terre
Cousent près des flots bleus du ruisseau solitaire,
À la robe des prés leurs nœuds et leurs rubans.

Le printemps, le printemps ! Dans les bois réveillés
Renaît l’hymne indistinct des sources voyageuses,
Les oiseaux revenus dans les sombres halliers
Émaillent de leurs chants les clairières songeuses.
Les amoureux s’en vont aux marges des forêts
Admirer la nature et manger des saucisses,
Et le corps en sueur de ces doux exercices,
Ils ramassent un rhume en quittant les marais.

C’est la saison féconde où la barbe et les vers
Poussent, l’une au menton, et les autres aux tempes ;
Où la gaîté renaît au cœur de l’univers ;