Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/45

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Allons au grand soleil, loin d’un monde servile,
Élargir nos poumons à l’air pur des forêts.

Le soleil jeune et fort déborde de rayons ;
Les fleuves et les monts s’étreignent dans l’ivresse ;
Et les prés rajeunis où nous nous asseyons
Répondent au soleil caresse pour caresse.
Tout se pâme et s’oublie en des baisers divins ;
La sève, comme un sang, dans les plantes circule ;
Et, lorsqu’au front des cieux s’étend le crépuscule,
De longs hoquets d’amour s’exhalent des ravins.

Allons chercher aux bois, derrière les grands troncs,
Quelque taillis secret que nul vent ne soulève ;
Nous fumerons d’abord, et puis nous dormirons :
L’homme est né pour dormir, car la vie est un rêve ;
Des songes à nos yeux écloront les séjours,
Et dans un long sommeil, lourd, apathique et morne,
Nous serons tout un jour heureux comme une borne :
Le bonheur ici-bas c’est de dormir toujours.