Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/109

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l’âge, l’être sentimental résiste davantage aux besoins de la chair ; mais à la fin, et bien qu’elle luttât en priant Dieu, harassée d’émotions, elle culbuta dans le sommeil, avec le bourdonnement de la cloche aux oreilles.

Il passe maintenant du grand vent sur les maisons, et l’océan revit en grondant autour de l’île.

Elle dort depuis elle ne sait combien de temps, quand des coups à sa porte la réveillent en sursaut. Elle court en chemise ouvrir le volet qui claque le mur. Il fait jour et la mère Izacar est en bas.

— De quoi que n’y a ?

— C’est rapport à votre homme… il est de retour…

— Urbain ! Urbain ! mais où qu’il est donc ?

Et comme le visage blond d’un petit se hisse à la fenêtre et que l’enfant crie : « papa ! papa ! » la vieille face de la mère Isacar se crispe si brusquement que la Marie-Jeanne a peur.

— Y aurait-il du malheur, dites ?

— Un petit… le Dépit des Envieux est à la côte… à la Corbière…

Marie-Jeanne s’habille lentement, parce qu’elle veut aller très vite et que ses mains tremblent. Elle prie la bonne femme de garder ses petiots et s’en va malgré la vieille qui veut la retenir. Elle n’a pas eu le temps de nouer un mouchoir sur