Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/141

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Elle lui tendit son cou où pesait la torsade noire des cheveux, mais il chercha ses lèvres qu’elle détourna en riant, puis abandonna enfin, avec de la joie dans ses yeux hardis.

Il quitta le sémaphore et tourna à gauche de l’enceinte au moment où Gaud rentrait à droite. Gaud regarda cette belle carrure de mâle qui s’éloignait vers le phare tandis que le coq chantait orgueilleusement pour la troisième fois,

La mer avait reparu à l’infini autour de l’îlot, la mer mouvante, d’un vert dur et toujours calme. L’œil du phare se fermait insensiblement à mesure que le jour gagnait. Piron songea au naufrage et marcha vers la falaise.

Des caisses, des barils, des planches dérivaient avec le flot. Sémelin harponnait à la gaffe tout ce qui passait à portée. Une casquette, des oignons et une brosse ballaient dans le clapotis aux entours des roches, tandis qu’une passerelle entière heurtait le granit à chaque vague. Les deux hommes la hissèrent et un nom apparut en lettres de cuivre : Ville de Royan – Bordeaux.

Gaud télégraphia le sinistre au sémaphore de Saint-Gildas. Vers dix heures, ils apprirent que la Ville de Royan avait été abordée par un anglais, rentré depuis à Saint-Nazaire, avec sept hommes de l’équipage recueillis, Les sept autres et le capitaine, surpris dans leur sommeil, avaient dû couler avec le navire.