Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/166

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Le lendemain il fut à bord du Martroger avant le patron. Il ventait jolie brise et la barque cingla vite vers le Pilier, pareil, dans la brume matinale, avec sa silhouette allongée et ses deux tours, à quelque grand navire à l’ancre. L’air était vivant, corsé de salure, âpre de froid ; à l’horizon, le ciel et la mer s’unissaient sous un voile qu’enfonçaient les barques sardinières, promesse de soleil pour l’après-midi.

Sitôt le sloop accosté, Jean-Baptiste courut vers le sémaphore. Il ne s’inquiéta pas de Gaud, perché aux enfléchures du mât à signaux et qui visait une fumée au large, à la lorgnette. Il alla droit à la Gaude debout au seuil de la maison. Frais rasé, il sentait la pommade. Elle sourit doucement et il fut très ému.

— Je sais la nouvelle, dit-elle, t’as perdu ton père, mon pauv’e gars, et on t’attendait point.

Ce brusque souvenir le gêna ; il avait d’autres pensées en tête.

— Je m’ennuyais d’toi, fit-il, et puis r’ garde c’ que j’ t’apporte…