Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/172

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à vivre, parce que personne n’avait besoin de leur temps ni de leurs bras. Ils gagnèrent Noirmoutier. A l’Herbaudière, elle put s’embaucher aux usines, et lui s’embarqua sur un côtre. Ils s’installèrent.

La Gaude accepta joyeusement la nouvelle existence et ne parut point regretter les Sables. Les hommages de tous les gars vinrent à elle, là comme ailleurs, avec les diffamations de toutes les filles, et elle ne manqua pas d’amoureux, bien que Gaud montrât les dents.

Au Pilier enfin, il avait espéré la paix. C’était l’exil, sur un rocher, dans le large. Il avait compté sans les garde-phare, et par chance, encore, n’en avait-il qu’un seul à redouter.

Aussi bien, quand, il y a deux jours, le Brin d’amour, mouillé sous l’île, lui avait appris la mort du vieux Piron, il s’était réjoui d’être débarrassé du gars.

Ç’avait été deux jours de délicieuse flemme, sans soucis, le cœur débridé sous la vareuse, et Sémelin l’avait entendu chanter d’une voix aigre au bord des falaises.

Tout de même il avait voulu connaître le remplaçant de Jean-Baptiste, et du plus loin qu’il aperçut le Martroger il prit position sur son mât. — Et voilà ! Ce fils de vesse de Piron lui-même revenait, comme ça, à peine le bonhomme en terre ! Pour le coup c’était point naturel !