Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/182

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lanterne, la serrant, la culbutant, et quand, soudain, le fanal s’arrêta, les hommes sursautèrent d’inquiétude. Mais c’était le poids qui appelait à bout de chute, et déjà Sémelin le relevait.

L’assaut criard des oiseaux devenait plus distinct dans les répits plus longs de la bourrasque. Le vent s’essoufflait, reprenait haleine, espaçait les lourdes rafales dont tremblait la tour de pierre, et Jean-Baptiste consultant le baromètre annonça :

— Il remonte un p’tit !

À quatre heures seulement, le phare cessa d’osciller. Le vent se cassa brusquement après quelques ressauts d’agonie, mais la mer continua de gronder autour de l’île. D’une fenêtre, Jean-Baptiste aperçut trois étoiles et les feux de l’estuaire, La Banche, Le Grand Charpentier, Kerlédé, comme d’autres étoiles. Le froid se glissait sous les portes. Le bruit de l’océan s’éloignait sous la tour.

Et ce fut l’aube, si claire qu’elle étonna après cette nuit de tempête. L’est blanchit d’un coup, découvrant un ciel balayé jusqu’en ses profondeurs, où l’on sentait que le soleil allait bientôt éclater. La mer moutonnait toujours, à perte de vue, parce qu’une fois déchaînée il lui faut du temps pour s’apaiser et rétablir l’équilibre de ses masses.

Jean-Baptiste sortit sur l’îlot trempé et luisant