Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/199

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des Coët que la femme a quittée après la mort de son mari, pour retourner, avec ses gars, chez les siens, au village de Linières. Une courette, avec une touffe d’hortensia dans chaque coin, précède la maison. Elle est basse, symétrique : une porte entre deux fenêtres, et couverte en tuiles.

Bernard commença par refaire ses peintures, tranquillement, avec soin, en propriétaire.

— Depuis l’temps qu’ ça chômait, dit-il, le soleil mangeait l’ bois !

Il peignit en vert ses volets et sa porte, en gris les fenêtres et en rouge les briques qui encadrent les baies et dessinent une frise au ras du toit, sous le chèneau. Puis il blanchit les murs d’un lait de chaux éblouissant.

Il accomplit ces travaux avec lenteur comme s’il redoutait leur fin et le désœuvrement. Il s’interrompait à chaque coup de pinceau pour juger de l’effet, causer avec un passant, ou s’écarter sur la route voir si le vent change.

En même temps son jardin l’occupait. Il releva les quatre carrés, que sépare l’allée en croix, et les entoura de coquilles Saint-Jacques par manière de décoration. Aux angles, il planta des œillets d’Inde et des passe-roses, tandis qu’au pied de quelques roches, entassées contre son mur, il enterrait un baquet pour simuler la pièce d’eau. Une girouette s’érigea sur un mât, et, comme il lui