Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.




Tonnerre habitait derrière chez les Bernard, une cabane en planches dont on apercevait le faîte par-dessus le mur du jardin. Il y logeait avec un grabat, les restes boiteux d’un buffet et son chien, un griffon à poil dur qu’il avait nommé Tempête. Près de la cheminée par où tombaient, la nuit, des ronds de lune, brillait son maillot cuirassé de médailles.

L’homme et le chien couchaient ensemble, mangeaient ensemble, allaient à la mer ensemble. Egalement taciturnes, ils ne pensaient sans doute pas plus l’un que l’autre. Mais Tonnerre avait conscience de sa supériorité et savait bien que l’autre était une bête puisqu’il ne buvait pas d’alcool.

P’tit Pierre avait rôdé longtemps autour de la cabane, intrigué par les allures étranges et fermées du baigneur. Puis, le jour qu’il lui offrit une pipe ramassée sur la route, ils devinrent bons amis.

P’tit Pierre regardait Tonnerre comme une sorte de dieu marin héroïque et grotesque à la