Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/245

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sant des reins et des genoux. Ils ne se distançaient point d’abord. Olichon montait par grandes secousses à la faveur de ses longs membres ; P’tit Pierre progressait par soubresauts rapides, comme s’il rampait.

Des sloops voisins les gars regardaient. Perchais présidait gravement, la tignasse en arrière, le poitrail développé. Au capelage, Olichon s’engageait un instant dans les poulies ; P’tit Pierre s’enlevait par les haubans, embrassait la fusée du mât. En une seconde, il gagnait le sommet et criait sa victoire. D’en bas Perchais répondait d’enthousiasme. Olichon s’affalait sur le pont, rouge de dépit.

— Viens-y donc à la nage, criait-il, viens-y donc ! tu verras si je ne t’ai pas !

Perchais jubilait, faisait chorus, brandissait sa main paralysée et commandait :

— À la nage ! d’ici la jetée !

En un tour de main les chemises s’abattaient. Bien que tout haletant, P’tit Pierre arrivait à plonger en même temps qu’Olichon. Sous l’eau claire on voyait verdir leurs corps nus et s’enfler leurs muscles des omoplates aux jarrets. Ils s’efforçaient à grandes brasses au travers des barques qui les masquaient par intervalle et d’où les hommes les excitaient au passage :

— Hardi là ! Souque p’tit gars !