Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

P’tit Pierre trouva Cécile installée entre ses vieux, dans leur maison.

Ils furent un peu gênés l’un et l’autre et se regardèrent sournoisement. Bernard jubilait en criant :

— Hein, p’tit gars ! tu t’attendais pas à celle-là !

Mais comme ils demeuraient tout gauches, face à face, sans parler, la mère les remua :

— Eh ben voyons, on se bise point !

Ils s’embrassèrent tout de même à belles joues et se déridèrent. Cécile resta pour la soupe. On la plaça près de P’tit Pierre et ils se firent du genou sous la table. Le brigadier leur décochait des œillades entendues et lâchait de ci de là des allusions familières. Et le soir, avant son départ, tout le monde embrassa Cécile avec de grandes démonstrations.

P’tit Pierre la reconduisit sur la route et ils cheminèrent côte à côte, sans se toucher. Dans le premier moment de solitude, ils redevinrent timides vis-à-vis l’un de l’autre, comme jadis, parce qu’ils sentaient changée leur situation respective. Ils avaient l’impression de n’être plus les mêmes et qu’une nouvelle connaissance était à faire.

Pourtant, devant sa porte, Cécile se jeta au cou de P’tit Pierre qui l’étreignit et la baisa aux