Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/287

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sant, devant la petite maison colorée comme un jouet neuf et disaient :

— Mâtin ! il fait de la toilette pour marier son gars !

Mais la grosse affaire fut la chambre nuptiale que Pierre occupait à présent. Déjà la mère Bernard y avait déplacé le lit pour introduire l’armoire où s’étageaient les belles piles de draps écrus, et la commode qui portera les photographies de famille et la couronne d’oranger sous un globe. Cécile ornerait le lit de beaux rideaux en cretonne à fleurs ; P’tit Pierre ferait la table à l’atelier.

Il s’amusait de tous ces préparatifs sans les hâter. Chaque soir, à la brune, il s’isolait avec Cécile dans les dunes de la Corbière où ils échangeaient maintenant des caresses précises, à la mode du pays. Il ne parlait pas du mariage et si on lui demandait quand il aurait lieu, il répondait en riant :

— Ça viendra bien, soyez tranquille !

Alors ses parents fixèrent la noce au prochain congé de Florent, dans le mois d’octobre.

P’tit Pierre accepta sans objection. L’attitude de Cul-Cassé, qui lui battait froid, le tourmentait. Jaloux de ce mariage avec une de ces jolies filles qu’il couvait inutilement, de loin, comme un chien affamé, le boiteux évitait P’tit Pierre, et s’ingéniait à sortir en canot à son insu pour ne pas l’emmener.