patriotes puissans, aidèrent d’abord Duclos, le trahirent ensuite ; c’est dans l’ordre ; et le voilà réduit aujourd’hui à l’état réel ou apparent de la misère la plus affreuse, mais dont le terme, a-t-il dit lui-même, n’est pas éloigné.
Sous le ministère de M. Decazes, objet privilégié des plus minutieuses assiduités de la police, il était devenu si méfiant qu’il laissa un jour échapper ces paroles : « Si je croyais que mon chapeau fût le confident de la moindre de mes pensées, j’irais sur-le-champ le jeter à la rivière. »
Sa maîtresse lui disait un jour : « Tu dois bien en vouloir à Bonaparte, après le mal qu’il t’a fait ! — Nullement répondit-il ; il a usé de son droit, il a fait ce que j’eusse fait à sa place : je ne lui en veux pas le moins du monde. »
« Dans ta longue et douloureuse captivité, lui demandait-elle encore, comment n’as-tu pas eu l’idée de te détruire ? — Il n’y a que les lâches qui se détruisent, répondit-il ; l’homme est fait pour souffrir… et j’ai souffert !… »
Et il souffrira long-temps encore, à en juger par le mystère qui plane sur cet homme extraordinaire, et dont nous essaierons de soulever quelques voiles dans le dernier chapitre intitulé : Reconnaissance.