Page:Eliçagaray - L’Homme à la longue barbe.djvu/55

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encore de votre départ, je rentre à huit heures pour réfléchir sérieusement sur mon veuvage, autant que sur mon prochain départ… Enfin j’arrive sur la foi du traité fait avec madame ma mère : un pressentiment de ce qui devait m’arriver troublait déjà la joie de mon cœur. Mais vous allez voir : je frappe ; le chien bon de garde répond et semble avertir le domestique d’aller ouvrir. Je frappe, je frappe, je frappe ; point on ne vient ouvrir : je me méfie de tout, et sors de devant la porte, semblant croire que madame ma mère n’est pas encore rentrée ; et cependant je ne doutais de rien. Je m’achemine vers Tourny, et là, je me livre à bien des idées : je m’arrête à celle de revenir à la charge, et si l’on ne m’ouvre la porte, à l’enfoncer. Très-résolu, je marche à grands pas ; je frappe de nouveau ; un voisin officieux, pour épargner ma peine, me dit qu’il n’y a personne ; qu’on est parti. Je ne réponds point, je frappe encore pour la dernière fois ; j’essaie si la porte est enfonçable : je trouve beaucoup de résistance ; mais comptant sur ma force, je vois un moyen de réussir, c’est de me fracasser contre la porte ou de fracasser la porte. Je traverse la rue bien directement devant l’endroit qui m’offrait le plus beau jeu ; et là, prenant ma course avec la violence que vous me connaissez,