Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/112

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desseins cachés que la Providence les a faites ainsi, eh ! Bulstrode.

— Pour moi, répliqua M. Bulstrode, je vois autre chose dans la coquetterie ; c’est au démon plutôt que je l’attribuerais.

— Eh ! assurément ! Il y a toujours un petit démon dans une femme, dit M. Chichely, dont la théologie avait un peu souffert de l’intérêt qu’il portait au beau sexe ; je les aime blondes avec une certaine démarche et un col de cygne. Entre nous, la fille du maire est plus à mon goût que miss Brooke et que miss Célia sa sœur. Si j’étais à marier, je choisirais miss Vincy de préférence aux deux autres.

— Eh bien, faites votre cour ! faites votre cour ! dit en riant M. Standish ; vous voyez que ce sont les hommes entre deux âges qui sont les maîtres du jour.

M. Chichely secoua la tête d’une façon significative. Il ne s’agissait pas de courir le risque de se faire accepter par la femme de son choix.

Cette miss Vincy, qui avait l’honneur d’être l’idéal de M. Chichely, n’était pas du dîner, bien entendu ; car M. Brooke, toujours soucieux de ne rien compromettre, n’eût pas aimé que ses nièces se rencontrassent avec la fille d’un industriel de Middlemarch autrement qu’en public et par hasard. Personne parmi les dames invitées qui ne pût agréer à lady Chettam ou à mistress Cadwallader. Mistress Renfrew, veuve d’un colonel, était une personne d’une éducation irréprochable, et qu’une maladie avait rendue particulièrement intéressante, une maladie à laquelle les médecins n’entendaient rien et qui, en dépit de leur art et de leur science, semblait ne plus pouvoir attendre de secours que d’un charlatan. Lady Chettam, qui attribuait sa remarquable santé à des amers préparés chez elle, combinés à des soins médicaux constants, comprit admirablement tous les symptômes de la maladie de mistress Renfrew,