Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/115

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L’aimable douairière se déclara ravie de cette occasion de faire la connaissance de M. Lydgate, ayant entendu parler de sa nouvelle manière de traiter la fièvre.

M. Lydgate possédait ce don professionnel d’avoir toujours l’air parfaitement sérieux et attentif, quelques absurdités qu’on lui débitât, et le regard concentré de ses yeux noirs en faisait un auditeur incomparable. Il ressemblait aussi peu que possible au regrettable Hicks, surtout par un certain ravinement d’élégance négligée qu’on remarquait à la fois dans sa mise et dans son langage. Il sut cependant gagner en grande partie la confiance de lady Chettam. Il confirma l’opinion de cette dame que son propre tempérament était très particulier, plus particulier même que bien d’autres. Il n’approuvait pas un traitement trop débilitant avec application de ventouses inutiles, ni d’autre part un usage constant de porto et de quinquina. Il avait une manière de répondre : « Je le pense aussi, » si pleine de déférence pour l’idée que la malade s’était faite de son état, qu’elle conçut la meilleure opinion de ses talents.

— Je suis tout à fait charmée de votre protégé, dit-elle à M. Brooke au moment de s’en aller.

— Mon protégé ?… Mon Dieu ! qui est-ce donc ?… dit M. Brooke.

— Ce jeune Lydgate, le nouveau médecin ; il me paraît entendre admirablement son métier.

— Oh ! Lydgate ! Ce n’est pas mon protégé, vous savez ! Mais je connaissais un de ses oncles qui m’a écrit à son sujet. Pourtant je le crois capable de devenir un médecin de premier ordre ; il a étudié à Paris comme Broussais ; il a des idées, vous savez, il veut élever le niveau de sa profession. Lydgate a beaucoup d’idées très neuves sur la ventilation, la diète et autres choses encore, conclut M. Brooke après avoir été reconduire lady Chettam et revenant se joindre par politesse à un groupe de messieurs de Middlemarch.