Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/156

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certaine mesure, la jalousie et la haine de vos confrères, en vous présentant à eux en réformateur.

— Je ne veux pas faire profession de bravade, dit en souriant Lydgate, mais j’avoue prendre un certain plaisir à la lutte, et je ne me soucierais pas de ma profession, si je ne croyais qu’on pût y trouver et y développer de nouvelles méthodes comme partout ailleurs.

— Le drapeau de cette profession est bien bas porté à Middlemarch, mon cher monsieur, dit le banquier ; je veux dire en fait de science et d’habileté, non sous le rapport de la position sociale ; car ici la plupart de nos médecins sont alliés aux plus honorables familles de la ville. Ma santé peu brillante m’a contraint moi-même d’accorder quelque attention à ces ressources, à ces palliatifs que la miséricorde divine a placés à notre portée. J’ai consulté des hommes éminents dans la métropole et je suis tristement frappé de la marche arriérée que suit la médecine dans nos districts provinciaux.

— Oui ; avec les études et les exigences de la médecine actuelle, il faut s’estimer heureux de rencontrer parfois un bon praticien. Quant aux questions plus élevées, qui constituent le point de départ du diagnostic quant à la philosophie de cette science, il faut, pour la mettre en lumière, une culture scientifique dont nos praticiens de campagne n’ont ordinairement pas plus de notions qu’un habitant de la lune.

M. Bulstrode, la tête penchée et le regard attentif, ne trouva pas la forme que Lydgate avait donnée à son acquiescement, parfaitement en rapport avec ses propres idées.

— Je sais, dit-il, que la médecine actuelle penche surtout vers les moyens matériels. J’espère néanmoins, monsieur Lydgate, que nous ne différerons pas de sentiment au sujet d’une mesure qui ne vous concerne pas immédia-