Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/211

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quel prédicateur du royaume, au moins à mon avis, moi qui suis née et qui ai vécu à Exeter.

— Une mère est toujours impartiale, dit M. Farebrother en souriant. Que pensez-vous que la mère de Tyke dise de son fils ?

— Oh ! pauvre créature ! Ce qu’elle en dit ! répondit mistress Farebrother. Elle se dit la vérité, soyez-en sûr.

— Et quelle est la vérité ? demanda Lydgate. Je suis curieux de la savoir.

— Oh ! aucunement défavorable, dit M. Farebrother. C’est un homme zélé : ni très instruit, ni très sage probablement, puisque je ne m’entends pas avec lui.

— Eh bien, Camden interrompit miss Winifred, savez-vous ce que m’ont raconté aujourd’hui Griffin et sa femme ? M. Tyke les a prévenus qu’ils ne recevraient plus de charbon s’ils allaient à vos sermons.

— Oh ! les pauvres créatures ! s’écria miss Noble. Les pauvres créatures ! faisant allusion sans doute à leur double privation de prêches et de charbon.

Mais le vicaire répondit avec calme :

— C’est que ce ne sont pas mes paroissiens, et je ne pense pas que mes sermons vaillent pour eux une bonne provision de charbon.

— Monsieur Lydgate, dit mistress Farebrother qui ne pouvait laisser passer cela, vous ne connaissez pas mon fils ; il se déprécie toujours. Je lui dis, moi, que c’est déprécier le bon Dieu, qui l’a fait naître, et qui l’a fait naître excellent prédicateur.

— Maintenant, je n’ai plus qu’à emmener M. Lydgate dans mon cabinet, ma mère, dit le vicaire en riant. — J’ai promis de vous faire voir ma collection, ajouta-t-il en s’adressant à Lydgate. Voulez-vous bien ?

Les trois dames protestèrent. M. Lydgate ne pouvait se retirer sans avoir accepté une seconde tasse de thé. Pourquoi