Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/231

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une jolie fable que celle d’Hercule entre le vice et la vertu : mais Prodicus rend la tâche trop facile au héros, comme si, une fois à l’œuvre, les premières résolutions suffisaient. Une autre fable nous dit qu’il en vint à tenir une quenouille et qu’il finit par revêtir la tunique du centaure Nessus. Je veux bien croire qu’une bonne résolution puisse maintenir un homme dans la bonne voie, à la condition toutefois que les circonstances lui viennent aussi en aide.

La parole du vicaire n’était pas toujours encourageante. Il avait échappé à toute ressemblance avec le pharisien, mais il n’avait pas échappé à ce naufrage des illusions sur les possibilités de la destinée auquel nous amène bien vite l’examen des conséquences de nos fautes.

Lydgate trouvait qu’il y avait en M. Farebrother une déplorable faiblesse de volonté.



CHAPITRE VII


Alors que George IV régnait encore dans les solitudes de Windsor, que le duc de Wellington était premier ministre, et M. Vincy maire de la vieille cité de Middlemarch, mistress Casaubon, née Dorothée Brooke, avait entrepris son voyage de noces à Rome. À cette époque, c’est-à-dire il y a quarante ans, le monde était en général plus ignorant du beau et du laid qu’il ne l’est aujourd’hui. Les voyageurs arrivaient rarement la tête ou les poches pleines de renseignements exacts sur l’art chrétien. Le romantisme, qui a contribué depuis, par l’amour et par la science, à combler certaines lacunes obscures n’avait pas encore pénétré ces temps de son levain et n’était pas entré dans la nourriture journalière de chacun ; il était encore, sous la