Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/267

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Will éclata en interjections éloquentes — plus éloquentes que des phrases grammaticales — pour exprimer son admiration.

Naumann reprit d’un ton de regret désolé :

— Ah ! si j’avais pu seulement vous garder un peu plus longtemps ! Mais vous avez d’autres engagements, je ne pourrais vous le demander ; pas même de revenir demain ?

— Oh ! restons encore, dit Dorothée, Nous n’avons rien à faire aujourd’hui qu’à nous promener, n’est-ce pas ? ajouta-t-elle en jetant un regard suppliant à M. Casaubon. Ce serait dommage de ne pas achever cette tête le mieux possible.

— Je suis à votre disposition, monsieur, dit Casaubon avec une condescendance polie. Puisque j’ai donné congé à mon cerveau, il est juste que son contenant se rende utile de cette façon.

— Vous êtes trop bon ; me voilà enchanté, dit Naumann qui se mit à causer en allemand de son tableau avec Will. Puis il le mit de côté, regardant vaguement autour de lui comme pour chercher quelque occupation à ses visiteurs. Se tournant enfin vers M. Casaubon :

— Peut-être, dit-il, cette gracieuse lady, votre charmante femme, me permettrait-elle de remplir notre temps en essayant d’après elle une légère esquisse, pas pour ce tableau bien entendu, une simple étude.

M. Casaubon répondit en s’inclinant que madame Casaubon désirait certainement lui être agréable.

— Comment dois-je poser ? s’écria aussitôt Dorothée. Naumann ne tarit pas en excuses quand il lui demanda de se lever et de lui permettre de la placer ; elle se soumit avec une parfaite bonne grâce.

— Voilà, dit le peintre. C’est la pose de sainte Claire que je veux vous donner ; appuyée ainsi, la joue sur votre