Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/333

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— Quel retardataire vous faites ! lui dit-elle, en même temps qu’ils échangeaient une poignée de main. Maman ne comptait plus sur vous ce soir. Comment trouvez-vous Fred ?

— Il est en bon chemin et en train de se remettre, mais les progrès sont lents. Je voudrais qu’il changeât d’air un peu, qu’il allât à Stone-Court, par exemple. Mais votre maman semble y avoir quelque objection.

— Pauvre garçon ! dit Rosemonde avec son gracieux sourire. Vous trouverez Fred bien changé, ajouta-t-elle en s’adressant à son autre adorateur. M. Lydgate a été notre ange gardien pendant cette maladie.

M. Ned répondit par un sourire contraint, tandis que Lydgate, prenant le Keepsake et l’ouvrant, témoignait par un petit rire dédaigneux et par le mouvement de son menton sa stupéfaction de la bêtise humaine.

— Pourquoi avez-vous l’irrévérence de rire ? dit Rosemonde avec une gracieuse indifférence.

— Je me demande ce qui pourrait bien être ici le plus bête, des gravures ou du texte, dit Lydgate tout en feuilletant rapidement les pages de ses belles et grandes mains. Regardez ce marié qui sort de l’église ! Avez-vous jamais vu plus belle image de coiffeur ? Quel petit boutiquier eut jamais l’air plus prétentieux ? Pourtant je jurerais que le texte en fait un des premiers gentilshommes du pays.

— Vous êtes bien sévère, j’ai vraiment peur de vous, dit Rosemonde qui n’avait garde de trop se laisser aller à son amusement. Le pauvre Plymdale s’était arrêté avec admiration sur cette gravure, et il n’avait plus l’esprit en repos.

— Il y a, dans tous les cas, beaucoup de gens célèbres qui écrivent dans le Keepsake, dit-il d’un ton vexé et mal assuré tout ensemble. C’est la première fois que je l’entends traiter de bête.

— Je crois que je vais me mettre contre vous et vous