Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/336

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rageants, que, si la clientèle de certains malades de Peacock lui faisait défaut, il avait, en revanche, très bien réussi dans d’autres quartiers.

Quelques jours plus tard, comme il avait par hasard rencontré Rosemonde sur la route de Lowick, et était descendu de cheval pour marcher à côté d’elle, un domestique à cheval l’avait arrêté, pour lui remettre un message qui l’appelait dans une grande maison où Peacock n’était jamais allé ; c’était le second exemple de ce genre. Le domestique appartenait à sir James Chettam, et on l’appelait au manoir de Lowick.



CHAPITRE VI


M. et madame Casaubon, revenant de leur voyage de noces, arrivèrent à Lowick-Manor dans le milieu de janvier. Une neige fine tombait lorsqu’ils descendirent à leur porte, et, le lendemain matin, quand Dorothée passa de son cabinet de toilette dans le boudoir bleu vert que nous connaissons, elle vit la longue allée de tilleuls dressant ses troncs au-dessus d’une terre blanche, et étendant ses rameaux blancs vers le ciel gris et immobile. La plaine s’effaçait au loin dans une blancheur uniforme, sous une masse flottante de nuages bas. L’ameublement de la chambre s’était comme effacé aussi, depuis qu’elle ne l’avait vu ; le cerf de la tapisserie avait un air de fantôme plus marqué encore sur son fond verdâtre d’un effet spectral ; les volumes qui garnissaient l’étagère ressemblaient plutôt à des imitations de livres, fixées là d’une façon à jamais immuable. Le feu brillant de bois de chêne sec allumé sur les chenets semblait ici un renouvellement choquant de vie et d’éclat, comme l’apparition elle-même de Dorothée, lorsqu’elle entra tenant dans ses mains les