Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/377

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son fils, le propre neveu du pauvre Pierre, la remplacerait avantageusement, et veillerait ce que son oncle Jonas n’abusât pas d’une façon déloyale des choses invraisemblables qui semblaient pourtant devoir arriver. En un mot, ce sentiment général coulait dans le sang des Featherstone, que chacun devait surveiller tous les autres et qu’il serait bon, en outre, que chacun de ceux-ci se rappelât que le Tout-Puissant le surveillait lui-même.

Stone-Court voyait donc constamment arriver et repartir l’un ou l’autre des membres de la famille ; et Mary Garth avait la tâche désagréable de porter leurs messages à M. Featherstone, qui ne voulait en recevoir aucun et la faisait redescendre avec la mission plus désagréable encore de les congédier tous. À la tête du ménage elle se croyait tenue de les engager à prendre quelque chose, et elle consultait volontiers mistress Vincy pour ces petites collations servies au rez-de-chaussée, maintenant que M. Featherstone gardait le lit.

— Oh ! ma chère ! conseillait la généreuse mistress Vincy, il faut faire les choses le mieux possible, quand il s’agit de la dernière maladie et d’une propriété ! Dieu sait que je ne leur dispute pas les jambons de la maison ; seulement gardez le meilleur pour le jour de l’enterrement. Ayez toujours en réserve du veau farci et un beau morceau de fromage. Il faut s’attendre à tenir maison ouverte pendant ces dernières maladies.

Mais quelques-uns des visiteurs vinrent et ne repartirent pas, après ce bon traitement de veau et de jambon, le frère Jonas par exemple.

Le frère Jonas, peu considéré dans le monde en raison du rang inférieur qu’il y occupait, vivait uniquement d’un métier dont il avait la modestie de ne pas se vanter, mais qui ne réclamait pas sa présence à Brassing, tant qu’il avait un bon coin pour s’abriter et qu’il était bien pourvu de nourri-