Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/404

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qu’elle avait prié son oncle d’inviter Will à La Grange ; et elle-même sentait qu’il était impossible d’entrer pour le moment dans aucune explication.

Les yeux de mistress Cadwallader, détournés du cimetière, avaient observé une grande partie de cette scène muette, qui ne lui était pas, malheureusement, aussi intelligible qu’elle l’eut souhaité ; et elle ne put réprimer cette question :

— Qui est M. Ladislaw ?

— Un jeune parent de M. Casaubon, dit vivement sir James.

La bonté de sa nature lui donnait souvent, pour venir en aide aux autres, de la promptitude d’esprit et une heureuse clairvoyance, et il avait deviné, au regard que Dorothée avait jeté à son mari, qu’il y avait quelque anxiété dans son âme.

— Un charmant jeune homme, Casaubon a tout fait pour lui, expliqua M. Brooke. — Il vous paye de retour pour toutes les dépenses que vous avez faites pour lui, Casaubon, continua-t-il en lui adressant de petits signes d’encouragement. J’espère qu’il restera longtemps avec moi et que nous ferons quelque chose de mes documents. J’ai une foule d’idées et de projets, vous savez, et je vois bien que c’est l’homme qu’il faut pour leur donner corps, il a toujours présentes les citations justes, omne tulit punctum, etc. Il sait faire quelque chose de tous les sujets. Je l’ai invité il y a quelque temps, quand vous étiez malade, Casaubon. Dorothée m’a dit que vous ne pouviez recevoir personne chez vous, vous savez, elle m’a prié d’écrire.

La pauvre Dorothée sentait que chaque phrase de son oncle avait, pour M. Casaubon, à peu près l’agrément d’un grain de sable dans l’œil. Expliquer en ce moment qu’elle n’avait nullement souhaité de voir son oncle inviter Ladislaw,