Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/419

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nant, au bout de ces vingt-quatre heure, toutes ces fermes espérances se trouvaient anéanties. C’était vraiment un peu trop dur, tandis qu’il souffrait de cette double déception, de se voir traité comme s’il en était la cause. Mais il se retira en silence et sa mère plaida pour lui.

— Ne soyez pas dur pour ce pauvre garçon, Vincy ; il tournera bien, quoique ce méchant homme l’ait frustré. Fred tournera bien, cela est sûr, comme il est sûr que je suis assise ici. Pourquoi eût-il été ramené sans cela du seuil de la tombe ? Et j’appelle cela une flouerie : c’était lui donner les terres que de les lui promettre, et qu’est-ce que promettre, si ce n’était pas promettre que de le faire croire à tout le monde ? Et vous avez vu qu’il lui avait d’abord laissé dix mille livres qu’il lui a reprises ensuite.

— Il les a reprises ! reprit M. Vincy avec humeur. Je vous dis que c’est un garçon malchanceux. Et vous l’avez toujours gâté.

— Eh ! Vincy, c’était mon premier ; et vous en avez fait un joli bruit quand il est venu au monde. Tous étiez si fier ! Oh ! mais si fier ! dit mistress Vincy qui avait facilement retrouvé son agréable sourire.

— Qui peut savoir ce que deviennent ces bébés-là plus tard ? J’étais bien fou, apparemment, repartit son mari avec plus de douceur.

— Mais qui donc a de plus beaux et de meilleurs enfants que les nôtres ? Fred est bien au-dessus de tous les jeunes gens que nous voyons ; on entend bien à son langage qu’il a fréquenté un bon collège. Et Rosemonde ? Quelle jeune fille peut lui être comparée ? Voyez-là à côté de n’importe quelle lady des environs ! M. Lydgate, qui a été partout et qui a fréquenté le meilleur monde, est tombé amoureux d’elle à première vue, ce n’est pas que je n’eusse souhaité pour Rosemonde un autre fiancé. Elle aurait pu, dans ses visites au dehors, rencontrer quelqu’un qui eût été pour elle un