Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/105

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— Miss Garth, je suppose ? dit le vicaire examinant de très près quelques étiquettes.

— Oui ; je ne me plaindrais plus de rien, si seulement elle voulait de moi. Et je sais que je pourrais alors être un brave garçon.

— Et vous croyez qu’elle partage votre sentiment ?

— Elle ne veut jamais le dire, et elle m’a fait promettre, il y a assez longtemps déjà, de ne plus lui en parler. Elle désapprouve plus que personne que je me fasse clergyman, je le sais. Mais je ne puis renoncer à elle et je crois, malgré tout, qu’elle se soucie de moi. J’ai vu mistress Garth hier au soir, elle m’a dit que Mary était pour le moment au rectory de Lowick avec miss Farebrother.

— Oui, elle veut bien être assez aimable pour aider ma sœur dans ses occupations. Voudriez-vous y aller ?

— Non, je voulais vous demander une grande faveur. Je suis confus d’abuser ainsi de vous ; mais Mary vous écouterait peut-être si vous lui parliez de la chose, je veux dire de mon entrée dans l’Église.

— C’est là une mission délicate, mon cher Fred. Il me faudra sous-entendre votre attachement pour elle ; et aborder ce sujet comme vous désirez que je le fasse, ce sera la mettre en demeure de me dire si elle vous rend votre attachement.

— C’est précisément ce que je voudrais. Je ne saurais à quoi me décider avant de connaître son sentiment.

— Vous voulez dire que de cela dépendra votre entrée dans l’Église ?

— Si Mary ne voulait de moi, ni maintenant ni jamais, il me serait bien indifférent d’échouer dans une carrière ou dans une autre.

— C’est de l’enfantillage, Fred ; les hommes survivent à leur amour, mais ils ne survivent pas aux conséquences de leur légèreté.

— Cela n’est pas vrai de mon amour à moi. Je n’ai