Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/107

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— Vous êtes sans pitié pour les jeunes gentlemen, miss Garth, dit le vicaire s’arrêtant à quelques pas d’elle.

Mary tressaillit et rougit.

— Cela me réussit toujours avec Mouche, dit-elle en riant.

— Mais pas avec les jeunes gentlemen ?

— Oh ! avec quelques-uns, je suppose ; puisqu’il y en a qui deviennent d’excellents hommes.

— Je suis heureux que vous m’accordiez cela, parce qu’en ce moment même il y a un jeune gentleman auquel je désire vous intéresser.

— Pas un écervelé, j’espère, dit Mary recommençant à cueillir des roses et sentant son cœur battre avec violence.

— Non, bien que la sagesse ne soit peut-être pas son fort, mais plutôt l’affection et la sincérité. Deux qualités, il est vrai, sur lesquelles, plus qu’on ne le croit d’ordinaire, peut reposer la sagesse. Vous vous doutez bien d’après cela, j’imagine, de quel jeune homme je veux parler.

— Oui, je crois que je le sais, dit Mary bravement, son visage devenant plus sérieux et ses mains plus froides. Ce doit être Fred Vincy.

— Il m’a prié de vous consulter sur son entrée dans l’Église. Vous ne trouverez pas, j’espère, que j’aie pris une trop grande liberté en lui promettant de le faire.

— Au contraire, monsieur Farebrother. Chaque fois que vous avez la moindre chose à me dire, je me sens honorée.

— Mais, avant d’aborder la question, permettez-moi de toucher à un point délicat dont votre père m’a fait la confidence ; soit dit en passant, c’était ce même soir ou je m’étais aussi acquitté d’une mission de la part de Fred, qui venait de partir pour le collège. M. Garth m’a conté ce qui s’était passé la nuit de la mort de Featherstone, — comment vous aviez refusé de brûler le testament, votre remords de conscience d’avoir été la cause innocente de ce que Fred ait