Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/145

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d’un ton qui semblait vouloir mettre en garde contre de tels événements. Aucune amie à nous ne s’est jamais compromise de la sorte, excepté mistress Beevor, dont la conduite a beaucoup affligé lord Grinsell. Il y avait beaucoup à dire sur son premier mari, ce qui rend la chose d’autant plus étonnante ; et elle en a été sévèrement punie. On a dit que le capitaine Beevor la traînait par les cheveux et la menaçait avec des pistolets chargés.

— Ah ! c’est qu’elle avait justement choisi l’homme qui ne lui convenait pas, dit mistress Cadwallader qui décidément était d’humeur batailleuse. Le mariage dans ces conditions est toujours mauvais, un premier ou un second. La priorité est une triste recommandation pour un mari, quand il n’en a pas d’autre. J’aimerais mieux avoir un bon second mari qu’un premier médiocre.

— Ma chère, votre langue déliée vous emporte, dit lady Chettam. Je suis sûre que vous seriez la dernière femme à vous remarier prématurément, si notre bon recteur vous était enlevé.

— Oh ! je ne fais pas de vœux ; cela pourrait être un jour une mesure nécessaire. La loi permet de se remarier je suppose ; à quoi sans cela servirait-il d’être chrétien, au lieu d’être hindou ? Si une femme accepte l’homme qui ne lui convient pas, elle doit en subir les conséquences, c’est tout naturel ; et si elle se trompe deux fois de suite, elle mérite son sort. Mais si elle trouve à épouser à la fois naissance, beauté et courage, le plus tôt sera le mieux.

— Ce sujet de conversation me semble assez mal choisi, prononça sir James avec un regard de dégoût. Je vous propose d’en changer. ·

— Que ce ne soit pas à cause de moi, sir James, dit Dorothée résolue à ne pas perdre l’occasion d’en finir avec certaines allusions indirectes, relatives aux excellents partis. Si c’est pour moi que vous dites cela, je puis vous assurer