Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/147

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sant que je m’inquiétasse du langage de mistress Cadwallader. Je ne m’inquiéterais que s’il y avait une loi pour m’obliger à accepter n’importe quel type de naissance, de beauté ou de courage, qu’elle-même ou tout autre me recommanderait.

— Mais, tu sais, Dodo, si jamais tu te remariais, ce serait d’autant mieux de trouver la naissance et la beauté, dit Célia, réfléchissant que mistress Casaubon n’avait pas été très richement favorisée de ce côté-là, et qu’il serait bien d’avertir Dorothée à temps.

— Ne te tourmente pas, Kitty ; j’ai de tout autres idées pour mon avenir. Je ne me remarierai jamais, dit Dorothée, en prenant le menton de sa sœur et la regardant avec une indulgente affection. Célia allaitait son baby et Dorothée était venue lui dire bonsoir.

— Vraiment, bien sur ? dit Célia. Absolument personne ? Même si c’était une véritable merveille ?

Dorothée secoua lentement la tête.

— Absolument personne. Je fais des plans délicieux. Je voudrais avoir la direction d’un grand domaine à améliorer et à cultiver. J’y organiserais une petite colonie où tout le monde travaillerait et où tout le travail serait bien fait. Je connaîtrais chacun de ces braves gens et j’en serais l’amie. Je vais avoir de grandes conférences avec M. Garth. Il pourra me renseigner sur tout ce que je désire savoir.

— Alors, si tu as un plan, tu seras heureuse, Dodo, dit Célia. Peut-être le petit Arthur aimera-t-il les plans quand il sera grand, et alors il pourra t’aider,

Sir James fut informé ce même soir que Dorothée, bien résolue à n’épouser personne au monde, allait s’occuper de toutes sortes de plans comme elle faisait autrefois. Sir James ne répliqua rien. Son sentiment intime lui faisait trouver quelque chose de répugnant au second mariage d’une femme, et aucun parti ne l’aurait empêché de sentir que ce serait