Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/151

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fer, c’est qu’ils allaient couper la paroisse de Lowick en mille morceaux. Peut-on penser à déchiqueter de si belles terres ! Qu’ils aillent à Tipton, à la bonne heure ! Mais on ne sait pas ce qu’il y a au fond de tout cela. Ils mettent en avant le trafic, mais c’est pour faire tort aux propriétés et aux pauvres gens !

— Eh bien, ce sont des garnements de Londres, j’en suis sûr ! dit le grand Hiram, qui avait une vague notion de Londres, comme d’un centre d’hostilité contre le pays.

— Eh ! bien sûr. Et dans quelques endroits, près de Brassing, à ce qu’il paraît, les gens leur sont tombés dessus, pendant qu’ils étaient là à roder, et on leur a cassé les espèces de lunettes qu’ils portaient avec eux, et on les a chassés de façon à leur ôter l’envie d’y revenir.

— C’était ça une bonne farce, ma foi ! dit Hiram dont les circonstances diminuaient beaucoup la gaieté.

— Eh bien, je ne voudrais pas avoir affaire à eux en personne, reprit Salomon, mais il y a des gens qui disent que ce pays-ci a vu ses meilleurs jours, et on verra le grand commerce avaler le petit, si bien qu’il ne restera pas un chariot dans la contrée ni un fouet à faire claquer.

— Je leur ferai pourtant claquer mon fouet aux oreilles avant qu’ils en arrivent là, dit Hiram, tandis que M. Salomon s’éloignait.

On n’a pas besoin de planter les orties pour qu’elles poussent. On discuta la ruine du pays par les chemins de fer, non seulement au cabaret des Poids et Balances, mais sur tous les prés où se réunissaient les travailleurs.

Un matin, peu de temps après l’entrevue, dans laquelle Mary Garth avait avoué à M. Farebrother son sentiment pour Fred Vincy, il arriva que son père fut appelé par une affaire à la ferme de Yoddrell, dans la direction de Frick ; il s’agissait de mesurer et d’estimer un morceau de terrain éloigné, appartenant à Lowick-Manor, dont Caleb espérait