Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/271

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Dès que l’heure fut assez avancée pour faire une visite, Rosemonde se rendit chez mistress Plymdale, la mère de M. Ned, et entama, par de gracieuses félicitations, le sujet du prochain mariage. Mistress Plymdale, en mère qu’elle était, se dit que Rosemonde s’apercevait peut-être maintenant rétrospectivement de sa faute ; et sentant que l’avantage était pour le moment tout à fait du côté de son fils, elle était trop bonne femme pour ne pas se conduire gracieusement vis-à-vis de Rosemonde.

— Oui, Ned est parfaitement heureux, je dois le dire. Et Sophie Toller est tout ce que je pouvais souhaiter comme belle-fille. Naturellement, son père est en état de faire quelque chose de beau pour elle, on pouvait bien s’y attendre, avec une brasserie comme la sienne. Et la famille réunit toutes les conditions que nous pouvions désirer. Mais ce n’est pas à cela que je regarde. C’est une si gentille fille, rien de maniéré, pas de prétentions, bien qu’au niveau des plus distinguées. Je ne veux pas dire de l’aristocratie titrée. Je ne vois pas grand bien à ce que les gens visent à sortir de leur sphère. Ce que je veux dire, c’est que Sophie est l’égale des personnes les mieux de la ville, et elle s’en contente.

— Je l’ai toujours trouvée très agréable, dit Rosemonde.

— Je regarde comme une récompense pour Ned, qui n’a jamais levé trop haut la tête, d’être tombé tout juste sur les relations de famille les meilleures possibles, continua mistress Plymdale dont les manières naturellement pointues étaient adoucies par le vif sentiment qu’elle voyait la chose sous le juste point de vue. Et pour des gens difficiles comme le sont les Toller, ils auraient pu faire des objections à cette union, parce que quelques-uns de nos amis ne sont pas les leurs. On sait très bien que votre tante Bulstrode et moi sommes des amies intimes depuis l’enfance, et M. Plymdale a toujours été du parti de M. Bulstrode. Et moi-même je