Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/295

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fiant qu’il était en lui-même. Les paris pleuvaient autour de lui, et avec la pensée rapide et séduisante que son gain pourrait bien doubler la somme qu’il devait retirer de la vente du cheval, il se mit à parier lui-même et il gagna coup sur coup. M. Bambridge était entré sans que Lydgate le remarquât. Ce n’était pas seulement le jeu qui l’animait ainsi, mais l’éblouissante perspective d’aller le lendemain à Brassing, où l’on jouait sur une plus grande échelle, et où, par un dernier et vigoureux effort pour attraper l’amorce du diable, il pourrait l’arracher sans l’hameçon, et, à ce prix, s’affranchir des réclamations qui l’assaillaient tous les jours. Il continuait à gagner lorsque entrèrent deux nouveaux personnages. L’un était le jeune Hawley, revenu tout récemment de Londres où il suivait des études de droit ; l’autre, Fred Vincy qui depuis peu avait passé plusieurs soirées dans ces lieux familiers. Le jeune Hawley, joueur de billard consommé, arrivait à la partie avec une main toute fraîche. Mais Fred, stupéfait de voir Lydgate et étonné de l’entendre parier avec une telle surexcitation, se tint à l’écart, en dehors du cercle qui entourait le billard.

Fred Vincy s’était accordé ces derniers temps un peu de relâche, en récompense de ses bonnes résolutions antérieures. Il avait durement travaillé, les premiers six mois, à toutes sortes d’occupations en plein air sous la direction de M. Garth, et, à force de persévérante pratique, il était presque arrivé à corriger son écriture, cette pratique étant peut-être un peu moins dure, en ce qu’elle s’exerçait sous les yeux de Mary. Mais, pendant la dernière quinzaine, Mary était restée au presbytère de Lowick avec les vieilles dames, pendant que M. Farebrother était venu à Middlemarch où il exécutait certains plans pour sa paroisse. Fred, faute de mieux, était retourné au Dragon Vert, en partie pour jouer au billard, en partie pour goûter de nouveau l’ancienne saveur des discussions sur les chevaux, le sport et toutes choses en général,