Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/308

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tection de l’ « Autel Propitiatoire », dit M. Bulstrode, sans nulle intention d’éviter l’allusion de Lydgate, mais simplement préoccupé de ses inquiétudes pour lui-même.

— Vous avez dans tous les cas contribué à l’application de bonnes mesures pratiques pour la ville, et c’est là le meilleur moyen de demander protection, dit Lydgate avec un profond dégoût pour la métaphore interrompue et la triste logique de cette religion, dégoût quelque peu augmenté par la surdité apparente de la sympathie de Bulstrode.

Mais il était entré dans le mouvement auquel il s’était dès longtemps préparé, et il ne se laissa pas rebuter. Il ajouta :

— La ville a beaucoup gagné sous le rapport de la salubrité et de l’organisation des secours ; et je crois que, si nous avions le choléra à Middlemarch, nos adversaires eux-mêmes seraient forcés de reconnaître que nos dispositions à l’hôpital sont un bienfait public.

— Sans doute, répondit assez froidement M. Bulstrode ; quant à ce que vous me conseillez, monsieur Lydgate, de réduire mon travail intellectuel, je nourris depuis quelque temps un projet, un projet très arrêté dans mon esprit. Je pense à abandonner, au moins temporairement, la direction de beaucoup d’affaires, soit de bienfaisance, soit commerciales. Je songe aussi à changer de résidence pour un temps. Il est probable que je fermerai ou louerai ma propriété des Bosquets, et je choisirai quelque endroit près de la côte, en prenant conseil, bien entendu, quant à la salubrité du lieu. Cette mesure aurait, je pense, votre approbation ?

— Oh ! oui, dit Lydgate, se rejetant au fond de son siège avec une impatience mal réprimée en face des yeux pâles et graves du banquier, et irrité de sa préoccupation si grande de lui-même.

— C’est un sujet, continua le banquier, que je songe, depuis quelque temps déjà, à aborder avec vous, à propos de notre