Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que, bien qu’elle eût destiné une grande partie de ces fonds à un autre emploi, elle était disposée à examiner si elle ne pourrait pas me remplacer entièrement en ce qui concerne l’hôpital. Mais elle désire qu’on lui laisse le temps de mûrir ses idées à ce sujet, et je lui ai dit qu’il n’y avait pas lieu de se hâter, que par le fait mes propres résolutions n’étaient pas encore arrêtées.

Lydgate était prêt à lui dire : Si mistress Casaubon prenait votre place, nous y gagnerions au lieu d’y perdre. Mais il avait encore un poids sur le cœur qui arrêta cet élan de franchise. Il répliqua :

— Je suppose alors que je pourrai en causer avec mistress Casaubon ?

— Sans doute, c’est précisément ce qu’elle désire. Sa décision, dit-elle, dépendra beaucoup de votre avis. Mais, pour le moment, elle se dispose, je crois, à partir en voyage. J’ai ici sa lettre, dit M. Bulstrode la sortant de sa poche et se mettant à lire. « Je suis, présentement, liée d’un autre côté, dit-elle. Je vais dans le Yorkshire avec sir James et lady Chettam, et les résolutions auxquelles je m’arrêterai, à propos de terrains que je dois voir là-bas, décideront sans doute de ce que je pourrai faire pour subventionner l’hôpital. » Ainsi, Lydgate, il n’y a pas besoin de se presser, mais je désirais vous informer à l’avance de ce qui peut éventuellement arriver.

M. Bulstrode remit la lettre dans sa poche et changea d’attitude comme s’il avait terminé son affaire. Lydgate sentit l’espoir lui revenir au sujet de l’hôpital, mais il n’en eut que plus fortement encore conscience des circonstances qui empoisonnaient cet espoir, et il sentit que le moment était venu de faire son effort et vigoureusement pour obtenir de l’aide.

— Je vous suis très obligé de me donner pleine connaissance de tout cela, dit-il avec une intention ferme dans la