Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/322

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ma famille, Nicolas. Et je n’ai certainement pas de raison de renier aucun de mes parents. Il se peut qu’ils soient trop mondains, mais personne n’a jamais rien eu à dire sur leur honorabilité.

— Ma chère Henriette, dit Bulstrode évitant les yeux de sa femme qui se remplissaient de larmes, j’ai fourni à votre frère de gros capitaux. On ne peut attendre de moi que je prenne soin de ses enfants mariés.

Il n’y avait rien à dire à cela, et les observations de mistress Bulstrode se réduisirent en pitié pour la pauvre Rosemonde, dont l’éducation extravagante portait les fruits qu’elle avait toujours prévus.

Mais, se rappelant cette conversation, Bulstrode sentit que, le moment venu d’entretenir sérieusement sa femme de son projet de quitter le pays, il serait heureux de lui parler d’un arrangement qui pourrait être pour le bien de son neveu Fred. Provisoirement il l’avait avertie qu’il songeait à fermer les Bosquets pendant quelques mois et à prendre une maison sur la côte méridionale.

C’est ainsi que M. Garth obtint l’assurance qu’il désirait, à savoir qu’au cas où Bulstrode quitterait Middlemarch pour un temps indéterminé, Fred Vincy serait autorisé à prendre la tenure de Stone-Court aux conditions proposées.

La perspective de cette « bonne tournure donnée » aux choses exaltait tellement Caleb qu’il aurait eu toutes les peines du monde, sans une petite gronderie affectueuse de sa femme, à ne pas tout révéler à Mary, désireux de donner « du réconfort à cette enfant ». Il se retint cependant, et garda strictement cachées pour Fred certaines visites qu’il fit à Stone-Court, afin de se rendre plus complètement compte de l’état des terres et du matériel, et d’en faire une estimation préliminaire. Il apportait à ces visites plus d’empressement que la rapidité probable des événements ne l’exigeait ; mais un ravissement stimulait son cœur de père, en