Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/325

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service, monsieur Garth, d’entrer chez M. Lydgate en passant, ou plutôt, non, restez. Il doit être à l’hôpital à cette heure. Je vais lui envoyer mon domestique à cheval à l’instant même avec un billet, après quoi j’irai moi-même à Stone-Court.

Bulstrode écrivit à la hâte un billet, et sortit pour le remettre lui-même à son domestique. Quand il rentra, il trouva Caleb debout dans la même attitude, une main sur le dossier de la chaise, tenant de l’autre son chapeau. « Peut-être, se disait Bulstrode dans sa préoccupation, peut-être Raffles n’a-t-il parlé à Garth que de sa maladie ? Garth doit être surpris, comme il a pu l’être déjà, de voir ce vilain personnage se targuer d’intimité avec moi, mais il ne sait rien. Il a de l’amitié pour moi. Et moi, je peux lui être utile. »

Il souhaitait vivement de recueillir la confirmation de cette heureuse conjecture, mais c’eût été trahir de la crainte que de faire des questions sur ce que Raffles avait dit ou fait.

— Je vous suis extrêmement obligé, monsieur Garth, dit-il avec sa politesse ordinaire. Mon domestique sera de retour dans quelques instants, et j’irai moi-même alors voir ce qu’on peut faire pour ce malheureux. Peut-être avez-vous à me parler de quelque autre affaire ? Dans ce cas veuillez vous asseoir.

— Merci, dit Caleb faisant un petit geste de la main droite pour décliner l’invitation. Ce que j’ai à vous dire, monsieur Bulstrode, c’est que je vous prie de remettre vos affaires en d’autres mains que les miennes. Je vous suis obligé de m’avoir aussi parfaitement accueilli, et de vos bons procédés tant pour la location de Stone-Court que pour tout le reste. Mais force m’est d’y renoncer.

Une certitude aiguë entra comme une lame de poignard dans le cœur de Bulstrode.

— Voilà qui est bien soudain, monsieur Garth.