Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/350

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écarté, la dette est payée. Je suis hors d’affaire quant à présent ; délivré de mes dettes, je serai en état, je l’espère, de recommencer ma route en suivant un plan meilleur.

— Combien je suis heureux de l’apprendre, dit le vicaire en se laissant aller au fond de son siège, et parlant de cette voix basse et rapide qui accompagne souvent le soulagement d’un poids moral ; j’aime mieux cela que toutes les nouvelles du Times ! Je vous avoue que je venais chez vous le cœur bien oppressé.

— Merci d’être venu, dit Lydgate cordialement. Je jouis d’autant mieux de l’affection que je suis plus heureux. J’ai été certainement bien écrasé. J’ai peur d’éprouver avant peu que mes meurtrissures sont encore douloureuses, ajouta-t-il en souriant un peu tristement. Mais pour le moment tout ce que je puis sentir, c’est que je suis débarrassé de mon instrument de torture.

M. Farebrother resta un moment silencieux, puis il reprit avec gravité :

— Mon cher ami, laissez-moi vous faire une question. Pardonnez-moi, si je prends cette liberté.

— Je ne crois pas que vous veuillez rien me demander qui pût m’offenser.

— Eh bien, donc, j’ai besoin de cela pour avoir l’âme tout à fait en repos. N’auriez-vous pas, dites, afin de payer vos dettes présentes, contracté une autre dette qui pourrait dans la suite vous accabler plus péniblement encore ?

— Non, répliqua Lydgate rougissant légèrement, rien ne me force à vous taire, puisque le fait est là, que c’est à Bulstrode que j’en ai l’obligation. Il m’a fait un prêt superbe, un millier de livres, et il a les moyens d’en attendre le remboursement.

— Eh bien ! voilà qui est généreux, dit M. Farebrother, faisant effort pour touer l’homme qu’il n’aimait pas.

Un sentiment de délicatesse l’empêchait de s’appesantir