Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/357

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rais jamais supposé de greffe du côté de ce juif, prêteur sur gages. On ne sait jamais à l’avance ce que produira un mélange quelconque. Il y a telles espèces d’immondices qui servent à clarifier.

— C’est tout juste à quoi je me serais attendu, s’écria M. Hawley, quelque sang maudit et étranger, juif, corse ou bohémien.

— Je sais que c’est une de vos bêtes noires, Hawley. Mais c’est en réalité un garçon désintéressé et pas vulgaire, dit M. Farebrother en souriant.

— Aïe ! aïe !… c’est là votre corde whig, dit M. Hawley, qui aimait à répéter que ce damné Farebrother était un si bon et si aimable homme qu’on le prendrait pour un tory.

M. Hawley rentra chez lui, ne voyant dans les soins donnés par Lydgate à Raffles qu’un élément de témoignage contre Bulstrode. Mais la nouvelle se répandit rapidement que, d’un moment à l’autre, Lydgate s’était trouvé à même non seulement de se débarrasser de la saisie exercée dans sa maison, mais encore de payer toutes ses dettes ; grossie des commentaires et des conjectures qui lui donnaient un nouveau corps et un nouvel élan, d’autres personnes que Hawley ne tardèrent pas à en être instruites et ne furent pas longues à trouver un rapport significatif entre cette soudaine affluence d’argent et le désir de Bulstrode d’étouffer le scandale. N’eût-on pas eu la preuve que l’argent venait de Bulstrode, qu’on l’aurait infailliblement deviné ; car on savait auparavant que ni son beau-père ni personne de sa famille ne ferait rien pour aider Lydgate, et on ne tarda pas d’ailleurs à posséder la preuve certaine, d’abord par un commis de la banque, puis par mistress Bulstrode elle même qui parla innocemment du prêt à mistress Plymdale, laquelle en parla à sa belle-fille Toller, laquelle en parla à tout le monde. L’affaire devenue publique prit tant d’importance que la nécessité s’imposa de donner quelques dîners à l’occasion