Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/363

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Les points principaux de cette discussion chez Dollop étaient devenus le sujet général des conversations dans toutes les classes de la ville, le bruit en était parvenu d’un côté au presbytère de Lowick, de l’autre à Tipton-Grange. Chez les Vincy, comme chez les amies de mistress Bulstrode, on en avait discuté avec de tristes réflexions sur la pauvre Henriette, et Lydgate en était encore à s’apercevoir qu’on le regardait de travers, et Bulstrode lui-même ne soupçonnait pas encore qu’on fût sur la piste de ses secrets. Peu habitué à des rapports bien cordiaux avec ses voisins, il ne pouvait guère s’apercevoir de la froideur nouvelle, et il était décidé maintenant à rester à Middlemarch.

— Nous ferons un voyage à Cheltenham d’ici un ou deux mois, avait-il dit à sa femme. On peut y trouver de grandes ressources au point de vue religieux, en même temps que l’air et les eaux et nous nous trouverons très bien de quelques semaines de ce séjour tranquille et bienfaisant.

Il croyait réellement aux ressources religieuses dont il parlait, et il avait la ferme intention de consacrer désormais sa vie à Dieu avec un redoublement de zèle en expiation de ses derniers péchés, dans lesquels d’ailleurs place restait à l’hypothèse, hypothèse qui se retrouvait dans ses prières pour en obtenir le pardon : « Si en ceci j’ai transgressé, Ta volonté. »

Quant à l’hôpital, il évita d’en reparler à Lydgate, craignant de manifester un changement de desseins trop prompt aussitôt après la mort de Raffles. Il pensait bien, dans le secret de son âme, que Lydgate le soupçonnait d’avoir avec intention contrevenu à ses ordres, et qu’avec ce soupçon il devait en chercher la cause. Mais rien ne lui avait été révélé de l’histoire de Raffles, et Bulstrode voulait surtout éviter de rien faire qui pût donner l’éveil aux soupçons mal définis de Lydgate ; quant à la certitude que telle ou telle méthode de traitement pût sauver ou tuer un malade, Lydgate était