Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/375

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ther, souriant doucement de son ardeur, le caractère n’est pas taillé dans le marbre, ce n’est pas quelque chose de solide et d’inaltérable. C’est quelque chose de vivant et de changeant, que la maladie peut atteindre, comme le corps.

— En ce cas, on peut le secourir et le guérir, dit Dorothée. Je ne craindrais pas de demander à M. Lydgate de me dire la vérité, afin de pouvoir l’aider. Pourquoi craindrais-je ? Puisque je n’aurai pas ces terrains, James, je pourrais faire ce que M. Bulstrode me proposait, et me charger à sa place de l’entretien de l’hôpital et j’aurai à consulter M. Lydgate pour savoir au juste quelles sont, en conservant les arrangements actuels, les perspectives de bien à faire. Ce sera pour moi la meilleure occasion de lui demander sa confiance, et pour lui le moyen de me dire des choses qui pourraient éclaircir toute l’affaire. Nous serions alors tous avec lui et nous le tirerions de peine. On glorifie toute espèce de courage, sauf le courage qu’on pourrait montrer vis-à-vis de ses voisins.

Les yeux de Dorothée brillaient d’un humide éclat, et les sons altérés de sa voix réveillèrent son oncle qui se mit à écouter.

— Il est bien vrai que la sympathie d’une femme peut tenter des efforts qui ne nous réussiraient guère, à nous autres, dit M. Farebrother, presque converti par l’ardeur de Dorothée.

— Ce qui est certain, c’est qu’une femme est tenue de se montrer prudente et d’écouter l’avis de ceux qui connaissent le monde mieux qu’elle, dit sir James avec son petit froncement de sourcils ; quoi que vous finissiez par faire, Dorothée, vous devriez en vérité vous tenir momentanément sur la réserve, et ne pas vous engager volontairement à aucun degré dans cette affaire de Bulstrode. Nous ne savons pas encore ce qui peut en résulter. Vous devez être d’accord avec moi conclut-il en regardant M. Farebrother.